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sur le mariage et le divorce

celle-ci était aussi déclaré nul. Pouvait-on jouer plus impertinemment avec le plus respectable de tous les liens sociaux ? Aussi la jurisprudence civile n’a jamais admis cette aberration ecclésiastique.

Puisque je discute ici les nullités de l’Église pour cause d’impuissance, je ne dois pas omettre le point de vue le plus curieux qu’elle a adopté de cette question. Le droit canon a toujours reconnu et reconnaît encore l’impuissance par maléfice, c’est-à-dire par intervention directe du démon. L’Église ne peut pas se dépêtrer de cette absurdité puisqu’elle l’a infailliblement affirmée comme réelle. Elle donnait ici une preuve de sa compétence comme institutrice des nations. Et elle exorcise encore des possédés à l’heure qu’il est ! Un prêtre français en a exorcisé un en août 1893 et en a fait sortir douze mille diables !  ! Les incrédules trouveront peut-être, dans leur impiété, que l’hébergement de pareil chiffre de diables est dur à avaler. Mais ils ne savent peut-être pas qu’un célèbre canoniste du XVe siècle a affirmé que 20.000 diables pouvaient danser une sarabande échevelée sur la pointe d’une aiguille. Douze mille diables peuvent donc facilement trouver place dans le corps d’un homme.

Au moyen âge des milliers de mariages ont été annulés pour maléfice. Ce coquin de Satan réussissait toujours à se glisser entre le mari et la femme ! Et le principe absolu de l’indissolubilité ne tenait pas devant ses infernales habiletés.