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les erreurs de l’église

Quelle est la conséquence de cette audacieuse déviation du précepte ?

Supposons une femme protestante divorçant d’avec son mari pour fait d’adultère. Elle peut dire en toute sincérité qu’elle y est autorisée par Jésus-Christ. Supposons une catholique voulant divorcer pour la même raison. Que lui dit l’Église ?

« Ce n’est pas Jésus qu’il faut écouter, c’est moi ! Je ne vous permets pas, moi, de divorcer même pour cause d’adultère, et je vous excommunie si vous écoutez Jésus de préférence à moi. »

Quelques théologiens ont compris qu’il y avait là une assez violente impertinence adressée au divin maître, et ils ont cherché un distinguo pour atténuer l’effet produit. Malheureusement le distinguo était aussi maladroit qu’il était peu sincère.

« Le précepte de Jésus avait trait à la séparation de corps et non au divorce », ont-ils dit. Mais comme la séparation de corps était inconnue chez les Juifs, l’honnête distinguo ne constitue qu’une ignorance ou une petite jésuiterie, et c’est probablement la dernière alternative qui est la vraie. Le divorce ne s’exerçait chez les Juifs que sous forme de répudiation et la répudiation était le fait de l’homme seul, jamais de la femme, ce qui était très injuste puisque l’homme était toujours ainsi juge et partie. Quand les Juifs vinrent consulter Jésus, c’était bien de répudiation qu’il s’agissait, puisqu’ils lui dirent : « Moïse a permis que nous écrivions une lettre de