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sur le mariage et le divorce

Mais enfin il est vraiment temps que l’on cesse de regarder avec une défaveur quelconque celui qui ne pense pas comme nous en religion comme en quoi que ce soit. Il est temps que les hommes sensés fassent

    de son mari puisqu’il ne mérite que l’anathème comme protestant. En conséquence elle ne permet à la fille catholique de se marier à un protestant que si tous les enfants sont catholiques. Les sentiments de celui-ci ne signifient rien dans l’affaire vu que le droit de l’Église prime celui du père sur son enfant. C’est toujours le principe : « Je ne ferai pas pour vous ce que j’exige de vous. » Le Faites à autrui… est parfait en morale, mais criminel en religion. Voilà ce que la théologie fait des intelligences.

    Enfin, l’Église impose une condition qui va souvent, très souvent constituer le mari et la femme en état permanent d’hostilité et de guerre sourde. La femme doit faire tous ses efforts pour convertir son mari. Le concile de Bordeaux de 1850 se sert de l’expression « employer tous les moyens ». C’est un devoir de conscience. De là, de la part d’une femme un peu bornée, dirigée par un confesseur fanatique, et par là même borné lui aussi, toutes sortes de petites ruses féminines, de petites observations sournoises, de suggestions sans avoir l’air d’y toucher, puis de représentations aigres-douces, de supplications et quelquefois de larmes parce qu’un Dieu infiniment juste va damner ce mari même s’il est un parfait honnête homme ! Et, sous la poussée du confesseur, ces petites manœuvres continueront jusqu’à ce que cet homme prenne sa femme en grippe et finisse par se faire un second ménage où on le laissera tranquille. Voilà souvent le résultat de ce fanatisme inepte qui regarde l’indépendance de la conscience comme un crime devant Dieu. Des faits de ce genre sont parvenus à la connaissance personnelle de l’auteur, ont eu lieu dans sa propre famille.

    Des femmes qui sont excellentes épouses et excellentes mères de famille, mais poussées par un confesseur qui ne songe qu’à une victoire de la religion, tourmentent leur mari jusqu’à la