Page:Dessaulles - Les erreurs de l'Église en droit naturel et canonique sur le mariage et le divorce, 1894.djvu/138

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
124
les erreurs de l’église

cesseraient d’être libres de se constituer une famille selon leurs goûts ou les situations particulières que leur font les circonstances. Comment la loi peut-elle admettre que la différence d’opinions religieuses soit un empêchement au mariage ? Elle ne s’occupe pas, ne peut pas s’occuper de la question de différence de culte car elle prendrait ainsi sur elle de décider qui est dans le vrai et qui est dans le faux, ce qui la conduirait, si elle était administrée par des fanatiques, à persécuter ceux qui pensent autrement qu’elle. La loi ne peut sous aucun prétexte s’arrêter aux considérations de salut des enfants dans l’autre monde, d’abord parce que l’Église ne peut pas lui garantir leur salut, en second lieu parce qu’elle se mettrait par là à la merci des ignorances du dernier vicaire de paroisse.[1]

  1. En 1741 — c’est-à-dire sous Benoit XIV, un pape éclairé et tolérant, fait si rare dans la série — faculté a été donnée à deux personnes professant le protestantisme et le catholicisme de se marier ensemble aux conditions suivantes :

    1o La partie protestante s’engage à ne pas empêcher la partie catholique de pratiquer sa religion ;

    2o Les enfants des deux sexes devront être élevés dans le catholicisme ;

    3o La partie catholique fera tous ses efforts pour convertir la partie protestante.

    Que la première condition soit parfaitement raisonnable, admis puisqu’on oblige une partie de respecter la conscience de l’autre partie. Mais l’Église veut toujours tout prendre sans jamais rien donner. Aussi, tout en exigeant le respect de la conscience de la femme, par exemple, si elle est la partie catholique, elle défend bien à cette femme de respecter la conscience