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sur le mariage et le divorce

plus mal au point de vue de la moralité — seraient justiciables des seuls tribunaux, dont la protection serait déniée aux catholiques.

Mais même parmi ceux que l’on compte comme catholiques il y en a beaucoup qui ont cessé de croire ou de pratiquer et qui, quoique baptisés, ne voudraient pour rien au monde se soumettre au contrôle du prêtre. Va-t-on les obliger de l’accepter et les mettre en quelque sorte hors la loi parce qu’ils sont catholiques de nom sans l’être de fait ?

C’est évidemment là une impossibilité. On ne peut pas soumettre à la loi une partie des citoyens et en exempter l’autre. Ce serait introduire un principe anarchique dans le corps politique. Toute une classe de citoyens se moquerait de la loi. La haute compétence ecclésiastique ne voit aucun inconvénient à cela, mais les hommes qui comprennent l’organisation des sociétés politiques sont forcément d’un autre avis. Le prêtre, lui, ne voit, ne jure que par le principe de domination hiérarchique. Mais le législateur doit regarder au-delà de l’idée sectaire et il ne peut clairement livrer l’institution qui est la vraie base du corps social, et conséquemment de l’État qui en est l’expression, à un pouvoir que la constitution ne reconnaît pas.

De quel droit, par exemple, l’Église empêche-t-elle un catholique de se marier avec une protestante ou une israélite ? Si l’État sanctionnait ces singulières prétentions voilà de nombreux citoyens qui