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les erreurs de l’église

cisément les principes et les assertions des fausses décrétales attribuées à Anaclet Ier, au pape Évariste, à Calixte Ier, au pape Fabien et à Jules Ier. Sur ces fausses pièces, le concile affirme, comme Nicolas Ier, que la juridiction de l’Église sur le mariage est aussi ancienne que la religion elle-même et qu’elle avait opposé sa propre juridiction à la juridiction civile jusqu’à 862, où ses droits avaient été reconnus par l’autorité civile. Eh bien ! je suis personnellement bien peu de chose à côté d’un concile mais la vérité est plus forte que tous les conciles et tous les papes ensemble, et il est absolument certain que le concile de Trente a complètement défiguré tout ensemble et les faits de l’histoire et leur signification. Il est historiquement faux que les papes aient opposé la juridiction de l’Église à celle de l’autorité civile sur le mariage avant 862 puisque Justinien accorde la liberté à ceux qui contractent mariage d’admettre des prêtres comme témoins de la cérémonie, et puisque Childebert et après lui Charlemagne délèguent aux évêques leur autorité comme rois sur le mariage, et cela en s’appuyant sur le droit romain. L’acte de Nicolas Ier constituait à toutes fins que de droit une usurpation formelle sur la puissance civile au lieu d’être une revendication d’un droit antérieur. Jamais ce prétendu droit n’avait été exercé. Est-ce qu’on n’aurait jamais osé se permettre pareille audace sous Justinien, et surtout sous Charlemagne qui légiférait autant pour l’Église que pour l’État et qui faisait