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sur le mariage et le divorce

qu’il y a changé l’eau en vin. Peut-être pourrait-on observer que, puisque les convives avaient vidé toutes les amphores, il aurait peut-être mieux valu changer le vin en eau, mais ce n’est pas de cela qu’il s’agit ici.

Le concile de Trente lance l’anathème contre ceux qui contestent que le mariage soit un des sept sacrements institués par Jésus. Comment se fait-il alors qu’au VIIIe siècle il n’y eût encore aucune jurisprudence convenue sur la matière ? Comment se fait-il qu’avant l’abbé de Vendôme et Pierre Lombard, au XIIe siècle, personne ne mette le mariage au nombre des sacrements ? De Charlemagne à Grégoire VII, c’est-à-dire de 800 à 1075, la doctrine du mariage sacrement se consolide peu à peu et devient générale de Grégoire VII à Innocent iii, c’est-à-dire de 1075 à 1200. Ce n’est qu’au concile de Latran de 1215 que les bans sont devenus de rigueur. Pendant les neuf premiers siècles le contrat est chose complètement distincte et séparée du sacrement, et c’est le pouvoir civil qui définit, d’après le droit romain, les empêchements de mariage ou rend exécutoires ceux qui étaient suggérés par l’autorité spirituelle. Saint Ambroise demande à Théodose de prohiber le mariage entre cousins germains. L’Église ne s’attribuait donc pas alors la juridiction absolue sur le mariage. Pendant quelques siècles encore c’est le pouvoir civil qui accorde les dispenses et c’est à lui qu’on les paie. Nicolas ier s’empare de l’institution au