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sur le mariage et le divorce

Tout en définissant les devoirs des époux au point de vue de la fidélité l’Église leur fournit donc les plus aimables tempéraments à ses règles. Elle a ses huiles de composition qui permettent à certains rapaces de garder en conscience le bien d’autrui, et elle a aussi ses casuistes qui tempèrent les rigueurs de ses ordonnances sur le mariage, par des indulgences très appréciées de ceux qui donnent des coups de canif dans le contrat. Il faut bien compatir à la faiblesse humaine.[1]

En fait pour pénétrer les secrets des familles par le confessionnal et devenir ainsi en grande partie le maître des sociétés qui croient en lui, le prêtre a su faire de nombreux détails de son système un encouragement tacite à l’immoralité. Que signifie le grand mot : « Allez et ne péchez plus » au pécheur d’habitude, aux prêtres concubinaires de tous les temps,

  1. Elle l’a fait de tout temps mais pourvu qu’on la payât bien. Les seigneurs féodaux des viiie et ixe siècles disaient : « Il nous faut une religion qui tolère nos faiblesses. » Et la cour de Rome fermait les yeux sur leur polygamie et leurs harems pourvu qu’ils fissent des donations au clergé et aux moines. Les confesseurs examinaient scrupuleusement ce que les crimes de leurs pénitents devaient rapporter à l’Église. Et les seigneurs gardaient leurs femmes en toute sûreté de conscience. Une ou deux métairies rachetaient un péché un peu excessif. Et les couvents arrondissaient largement leurs domaines, les péchés excessifs étaient alors de très fréquente occurrence. Pour les petits pêchés inhabituels on obtenait l’absolution au moyen d’un poulet, ou d’une pinte de vin, ou d’une demi-douzaine d’œufs.