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les erreurs de l’église

mariage a le moins de cohésion morale, que le lien conjugal est le moins respecté, que les liaisons adultères sont les plus communes. Le sigisbéisme n’est connu que dans les pays les plus profondément catholiques. Le mariage religieux ne donne donc pas au lien matrimonial plus de force que l’institution civile.[1] Le légiste n’a jamais encouragé ni toléré le sigisbéisme. Le confesseur l’a fait de tout temps en Italie. Il est si commode dans le catholicisme d’ébrécher la fidélité conjugale ! Une absolution purge la conscience. On peut recommencer le lendemain sur le calcul plausible du pardon du surlendemain. « Avec des absolutions si faciles, dit Fleury, on peut pécher tous les jours en se confessant tous les jours ».[2] Et qu’on ne dise pas que je force la note ici car nous avons vu au chapitre v les aimables informations données par le P. Mascarenhas sur les vertus extraordinaires d’un acte de contrition ou d’une confession avec simple attrition.

  1. On me dira peut-être ici que l’Église ne reconnaissant pas l’adultère comme cause de dissolution du mariage elle donne plus de cohésion à l’institution. Oui, mais elle ne la donne qu’au prix d’une injustice puisqu’elle force la partie innocente de subir le crime de la partie coupable, singulier moyen de montrer sa bonté pastorale ; et en second lieu les défenseurs de l’Église oublient un peu trop que sur la question de l’adultère la loi civile adopte en fait le précepte de Jésus que l’Église a eu la respectueuse attention de jeter au panier. Jésus doit donc préférer ici la loi civile au droit canon. Qu’en dites-vous, cher P. Didon ?
  2. Fleury, viiie discours sur l’histoire ecclésiastique.