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sur le mariage et le divorce

comment on a habilement préparé, très adroitement arrangé, il faut le dire, la volte-face qu’il fallait bien faire pour passer, sans avoir l’air d’y toucher, du principe — sensé dans le système — du prêtre ministre du sacrement au principe moderne — faux dans le système — des conjoints seuls auteurs, producteurs et administrateurs du sacrement de mariage.

On peut donc dire aujourd’hui en toute vérité que les six autres sacrements sont de vrais sacrements ecclésiastiques puisque ce sont les ecclésiastiques qui les produisent et peuvent seuls les administrer, pendant que le mariage n’est plus à toutes fins que de droit qu’un pauvre petit malheureux sacrement laïque, bien humble à côté des autres puisque ce sont les laïcs qui en sont les auteurs et se l’administrent à eux-mêmes sans que le prêtre, — et par suite le bon Dieu dans le système — y soit pour rien.

Qu’on vienne dire à présent, qu’il n’y a pas de progrès dans l’Église ! Elle a remanié, refondu, métamorphosé un sacrement du tout au tout en affirmant bien qu’il n’y a rien de changé parce qu’elle prononce encore, mais illégitimement, le conjungo, et elle excommunie plus que jamais ceux qui voient de leurs yeux que ce qui était blanc est devenu noir !

En toute franchise, cher P. Didon, où est la plus belle naïveté ?

Et remarquons que chez le maire et les conjoints qui se croient mariés devant lui il ne peut y avoir au pis aller que naïveté, ce qui n’est pas un crime,