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les erreurs de l’église

bien montrer qu’il n’y a rien de changé et nos bons fidèles ne s’apercevront de rien. Il est bien clair encore que sans la bénédiction nuptiale comme signe visible du sacrement le prêtre ne fera plus dans un mariage que l’office de planton, mais nous accompagnerons toujours autant que possible la célébration du mariage d’une messe suivie d’une bénédiction accompagnée du conjungo et nos bons fidèles continueront de croire que le sacrement est là quoique nous l’en ayons ôté. Le fond disparaîtra sous la forme et, celle-ci restant, ils croiront qu’il n’y a rien de changé. Nous leur dirons de plus que quoique le prêtre ne soit plus ministre du sacrement il reste le témoin nécessaire du mariage. Ils ne verront pas la différence entre être ministre et témoin d’une chose, et nous voyant toujours agir de la même manière, ils croiront toujours que sans nous il n’y aura pas de mariage. Il faut bien avouer, sans doute, qu’en renonçant à l’administration du sacrement, nous diminuons beaucoup la part de Dieu dans le mariage. Pratiquement nous l’aurons mis à la porte aux yeux des gens intelligents. Mais, bah ! nous dirons à nos bons fidèles que c’est le législateur qui l’a mis à la porte, et ils nous croiront encore. Pourquoi nous gênerions-nous ? Ils nous croient infaillibles !

Quant à ceux qui verront clair dans notre petite volte-face et qui trouveront qu’elle n’est pas exempte d’un peu de jésuiterie, nous les déclarerons ennemis de Dieu et de l’Église et nos bons fidèles leur verront des cornes noires au front.

XIX


Telles me paraissent avoir été les hautes raisons de discrétion spirituelle qui ont amené la modification fondamentale introduite dans la définition et l’administration du sacrement de mariage. Voilà