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sur le mariage et le divorce

mais nous affirmerons si fort que c’est lui qui nous l’a inspirée que notre bonne grosse masse, si confiante et si fidèle, nous croira bien. Nous allons donc remanier, reconstituer le sacrement sur des principes tout différents de ceux qui constituent les autres sacrements et de ce qu’il était lui-même autrefois. Dans ce sacrement ainsi reconstitué, il n’y aura plus ni ministre extérieur du sacrement ni fidèle recevant le sacrement d’un représentant autorisé de l’Église. Nous allons dire — et sans vanité, c’est très adroit ! — nous allons dire que c’est le fidèle qui produit par lui-même le sacrement de mariage, qui en est l’auteur et qui — voyez l’excellente idée ! — se l’administre à lui-même ! Il est vrai qu’il n’est aucunement apte à produire et à s’administrer à lui-même les autres sacrements. C’est là sans doute, pour les gens intelligents, une objection qui ne manque pas de gravité. Mais nous pouvons très bien espérer que nos bons fidèles ne verront comme toujours les choses que par les verres que nous leur mettrons sur les yeux. Ils ont bien avalé notre définition si bien tirée par les cheveux, à Trente, du mécanisme de la transmission de la grâce ; ils ont bien avalé notre affirmation au même concile, que le célibat qui nous démoralise est supérieur au mariage qui est seul moralisateur ; ils ont bien accepté comme venant d’un ordre supérieur d’idées nos subtiles — et il faut bien l’avouer, un peu risibles — distinctions de grâce irrésistible, grâce efficace, grâce suffisante, grâce expectante, grâce concomitante, grâce persistante, grâce versatile, pouvoir prochain, pouvoir éloigné, congruisme, science moyenne, science insuffisante, science douteuse, etc., etc., ils accepteront donc tout ce qu’il nous plaira de leur suggérer.

Il est vrai qu’en cessant d’être ministres du sacrement nous perdons le droit de continuer de prononcer l’ego conjungo puisque ce n’est plus nous qui unissons les parties ; mais, bah ! nous continuerons de le prononcer pour