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sur le mariage et le divorce

agir d’une autre. Quand il était rigoureusement défendu d’accepter le plus minime intérêt pour une somme d’argent prêtée, les papes avaient leurs banquiers attitrés à Rome et ailleurs, qui prêtaient à des intérêts énormes, et sans être inquiétés, les sommes dont les gens avaient besoin pour acheter des bénéfices dont la vente constituait un crime dans le système. C’était bien là parler d’une manière et agir d’une autre. Même mépris de tous les principes sur plusieurs autres sujets. Il est défendu de tuer un homme mais il était permis de tuer l’hérétique à l’intention de l’Église. Il est défendu de voler, mais on pouvait, sur permission du pape, — qui n’avait pas le droit de la donner, — s’emparer des biens d’un hérétique.

Voilà comment l’Église disait noir et blanc sur les mêmes questions en violant toutes les règles de la morale.

Adoptant la même tactique sur la question du prêtre ministre du sacrement l’Église a déplacé celui-ci, s’est mise en contradiction avec elle-même, puis elle n’en affirme pas moins que le législateur mérite l’enfer parce qu’il s’est aperçu qu’elle avait modifié son sacrement du tout au tout.

Sûrement, quand les canonistes donnent au xixe siècle des définitions toutes différentes de celles qu’ils donnaient du xiie au xvie, il est difficile d’admettre qu’ils soient d’accord.