Page:Dessaulles - Les erreurs de l'Église en droit naturel et canonique sur le mariage et le divorce, 1894.djvu/101

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
87
sur le mariage et le divorce

sacrement. » Alors, comment ose-t-il prononcer l’ego conjungo ? N’est-ce pas le plus parfait non sens puisqu’il ne marie pas plus que l’officier civil ? Le législateur, qui s’est toujours rendu philosophiquement compte de ses actes — ce dont l’Église s’exempte au nom de son infaillibilité, — le législateur s’est bien donné garde de tomber dans cette charmante bourde de l’orgueil ecclésiastique. Et si les théologiens pouvaient jamais se mettre un peu de logique laïque dans l’esprit, ne devaient-ils pas conseiller l’abandon du conjungo dès qu’ils privaient le prêtre de son ancienne qualité de ministre du sacrement ?

Encore ici où est la naïveté ? Et peut-être quelque chose de pis !

Autre naïveté, de très belle encolure aussi.

Le maire croit marier deux personnes. C’est un naïf, presque un imbécile. Et ceux qui ont recours à lui le sont autant que lui.

Mais avant les illuminations reçues tout à la fois et des Réformés et des légistes modernes, le prêtre prétendait bien, lui, marier les parties de par sa mission spirituelle. Eh bien il a abandonné cette prétention et il s’est diminué lui-même au rôle de témoin d’un acte dont il était autrefois le ministre. Que devrait-il résulter de cette modification de son rôle dans le mariage ? Évidemment que l’on devrait pouvoir, comme au temps de Justinien, comme au temps de son contemporain Childebert, et même