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VIII
avant-propos

il faut bien montrer où et comment ses écrivains se trompent, et quand et comment elle s’est trompée elle-même. Quand elle commet, ou veut maintenir, une usurpation sur la société civile, il faut bien la remettre à sa place. Quand elle a la fantaisie de s’attribuer tous les droits, il faut bien lui rappeler que les droits généraux et individuels dans les sociétés priment les siens. Elle se plaint sans cesse qu’on l’attaque. Eh ! mon Dieu ! la société civile ne fait que résister à une institution qui veut l’absorber entièrement. Celle-ci n’a vécu que d’usurpations dans les époques d’ignorance. La société civile ne fait depuis un siècle et demi que reprendre peu à peu les droits dont l’Église s’était arrogamment emparée. Et voyez le pittoresque des expressions sous lesquelles elle voile ses usurpations. Benoît XIV dit, dans son ouvrage Sur les causes matrimoniales : « La puissance laïque doit se contenter de la gloire d’obéir, ne pouvant prétendre au droit de commander. »

C’est très joli comme sentence prétentieuse, mais c’est vraiment un peu risible dans le domaine pratique car c’est affirmer que l’autorité laïque, qui a le droit de son côté, puisqu’elle est l’expression de la volonté du corps social, et qui en sus a le pouvoir d’imposer le respect des droits généraux ou individuels, doit se soumettre en tout à l’autorité ecclésiastique, qui n’a ni délégation du corps social, ni le pouvoir d’imposer ses décisions.