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nageait une longue distance sous l’eau, mais du moment qu’il reparaissait pour respirer, les chiens l’atteignaient et lui saisissaient les jambes. Il parvenait à se dégager en les secouant fortement mais il laissait des lambeaux de sa chair dans leur gueule. Voyant néanmoins arriver ceux qui le poursuivaient, il se décida à sortir de l’eau et se remit à leur discrétion. Ils le saisirent chacun par un bras et l’emmenèrent vers la ville suivis de la multitude toute joyeuse de sa prise. Pendant qu’on le conduisait ainsi les enfants s’amusaient, malgré l’horrible état de lacération dans lequel les chiens l’avaient mis, à les exciter pour le faire déchirer encore ; tant il est vrai que l’on était toujours beaucoup plus cruel pour le noir que pour les animaux.

« Pendant qu’on traversait un pont, le nègre feignit de se sentir si faible qu’il pouvait à peine marcher, mais tout-à-coup se dégageant vigoureusement de l’étreinte de ses gardiens, il écarta la foule, sauta par-dessus le parquet du pont et se précipita dans la rivière pour ne plus reparaître. Pas un mot de sympathie ou de pitié pour le