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souffrances morales des nègres, cette société, depuis frappée de Dieu, en était venue. L’auteur de ce récit était présent au départ d’un train qui emmenait un certain nombre d’esclaves que l’on venait de vendre. Un jeune fou, dans une partie de billard en avait mis six en gage, tous jeunes gens, et ici la loi, loin de flétrir l’inexorabilité de Shylock insistant sur son morceau de chair, la sanctionnait au contraire tous les jours.

J’aurais fort bien pu classer les habitudes invétérées et universelles du jeu dans le Sud au nombre des causes les plus fécondes de la séparation des familles.

Les esclaves vendus faisaient donc leurs adieux à leurs parents qu’ils laissaient en arrière et à mesure que l’heure du départ approchait, les expressions de chagrin devenaient plus bruyantes.

Enfin, au départ du train, on entendit de véritables cris de désespoir.

Il y avait dans le char où était le Dr. Parsons environ 35 passagers, mais personne ne songeait à la douleur des nègres qui s’embrassaient pour la dernière fois. Parmi les passagers se trouvaient des jeunes filles de bonnes familles du Sud, élevées avec