Page:Dessaulles - La guerre américaine, son origine et ses vraies causes, 1865.djvu/156

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 158 —

fait par le premier venu, pour se bien convaincre que l’homme-bétail qui va se vendre est sain et dispos ; si nous étions témoins de la rage d’un père qui se voit arracher à sa femme et à sa famille ; du désespoir d’une mère qui perd du même coup son mari et ses enfants ; des angoisses et des cris des enfants que l’on arrache à l’étreinte de leurs parents et que l’on attache pour les conduire à cent lieues de là mener une vie à propos de laquelle le souhait le plus humain qu’on puisse leur faire est qu’elle soit la plus courte possible ; si nous voyions toutes ces horribles choses une fois, une seule fois, ne maudirions-nous pas de tout notre cœur et de toute notre âme le système effroyable qui les crée et les perpétue ?

Si surtout nous voyions un de ces jours un homme arriver à une vente d’esclaves avec une belle femme en larmes marchant derrière lui, blanche comme lui, et que tout à coup nous verrions cette femme monter sur l’estrade de l’encanteur, être mise en vente et livrée sans commisération à l’examen souvent brutal d’acheteurs sans entrailles, puis vendue au plus offrant et ache-