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la mort, nous éprouverions sans aucun doute une toute autre impression des horribles effets de la lutte et du carnage que celle que de simples récits produisent sur nous.

Il en est ainsi des scènes déchirantes qui avaient lieu littéralement chaque jour sur un point ou un autre des états à esclaves, quand une famille se vendait toute entière ou en partie. N’ayant jamais vu ces scènes, nous ne saurions nous faire une juste idée de ce qu’elles avaient d’affreusement pénible pour le spectateur dont l’esprit et le cœur n’avaient pas encore eu le temps de se coloniser, passez-moi l’expression par le contact journalier de l’esclavage ! Mais si nous voyions un jour, sur une de nos places publiques, une vente d’esclaves ; si nous voyions une foule avide, regarder un homme que l’on ferait marcher, courir, sauter comme un cheval à vendre ; auquel on ferait ouvrir la bouche pour juger de ses dents ; dont on examinerait les reins pour voir si les marques qu’ils offrent indiquent des punitions fortes et fréquentes, indice du caractère de l’esclave ; si nous voyions l’examen minutieux de toutes les parties du corps tant des hommes que des femmes