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honte de paraître exprimer de la sympathie envers un esclave tué de sang froid. Et quoi donc ! c’était la propriété du meurtrier ! ! Voilà qui répond à tout. Il n’y a que nous, abolitionnistes maudits, comme on dit chevaleresquement dans le Sud, pour nous indigner d’une pareille misère ! ! Là on racontait le meurtre de cet homme en six lignes, dans un journal, sans l’ombre d’un commentaire, exactement comme on raconte ici l’empoisonnement d’un chien dans la rue par ordre de l’autorité.

Et ici, au moins, nombre de personnes s’apitoient sur le sort du chien : dans le Sud on eût emplumé et goudronné celui qui aurait été assez sot pour plaindre un noir assassiné !

Dans nos sociétés civilisées, nous avons des associations qui se chargent de faire punir les brutes qui battent cruellement leurs chevaux. Dans le Sud les mêmes gens qui s’indigneraient à voir battre un cheval restent parfaitement indifférents aux tortures d’un nègre ! Rien ne rend une société cruelle comme l’esclavage ! Les actes de cruauté y sont si fréquents que les gens se blasent là-