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essayer de faire croire qu’un homme qui a chez lui un livre à l’index est tellement pire qu’un assassin qu’il n’y a pas d’espoir de pardon pour lui !  ! Cela encore est de la tactique, mais ce n’est pas exactement de la religion ni de la sincérité. On n’a pas le droit de créer ainsi des crimes à plaisir et simplement pour déconsidérer des hommes honorables qui ont quelqu’objection à se voir traiter en enfants, et qui entendent des théologiens et même des Évêques blâmer ou regretter les exagérations religieuses de V. G.

Il y a donc longtemps, Mgr, que nous observons dans plusieurs détails de la conduite de V. G. envers nous un manque évident de sincérité ; que nous la voyons substituer à la franchise obligée du pasteur, la tactique peu loyale du partisan. Si nous étions les seuls à lui faire ce reproche, on pourrait sans doute l’attribuer à un esprit d’antagonisme étroit créé par nos longues luttes, mais nous voyons depuis quelques années, et le public a vu comme nous, bien des hommes que leur position met plus que nous à l’abri du soupçon d’hostilité obstinée, arriver, au sujet de V. G, à la même conclusion que nous. Et ces hommes ne se trouvent pas seulement parmi les laïcs, mais en grand nombre parmi les ecclésiastiques, et même parmi les Évêques. Le public se demande aussi comment un homme dont la sincérité seule aurait inspiré tous les actes, pourrait ainsi se trouver en lutte acharnée de tous côtés.

Nous savons très peu de chose encore des détails de la lutte de V. G. avec le Séminaire de St. Sulpice à Rome ; mais tout en admettant les torts que le Séminaire s’est donnés vis-à-vis de votre prédécesseur, on n’ignore pas non plus dans le public que le Séminaire à plusieurs fois démontré à Rome certaines fausses représentations de faits auxquelles V. G. a eu recours. Certaines choses qu’elle a dites à Rome contre le Séminaire, comme ce qu’Elle y a dit de l’Institut, ressemblaient singulièrement à ce que l’on appelle la calomnie. Et nous voyons tout dernièrement son supérieur hiérarchique, l’Archevêque, obligé de lui rappeler avec quelle mauvaise grâce Elle se soumet à ses supérieurs, à quels singuliers faux-fuyants Elle a recours pour éluder les décrets qui la condamnent, et combien elle met peu de franchise et de loyauté à reconnaître devant le public qu’Elle a été désapprouvée à Rome. Mais tout cela n’empêche pas V. G. de publier des lettres où Elle parle d’obéissance comme si Elle la pratiquait. Elle y invite les autres ; ses paroles sur ce chapitre sont pleines d’onction, mais si on laisse les paroles pour ne s’attacher qu’aux faits, — seul moyen sûr de juger pertinemment un homme — on voit que ses actes contredisent beaucoup trop ses paroles. V. G. ne parle jamais de Rome sans l’appeler le tribunal infaillible, qu’il s’agisse ou non de doctrine ; et voilà un Archevêque obligé de constater chez Elle et le manque de soumission et le manque de sincérité vis-à-vis de ce tribunal.[1] Nous ne sommes donc pas les seuls à trouver quelquefois V. G. gravement en défaut comme Pasteur des âmes. Et il n’est guère admissible que ce soit l’hostilité anti-religieuse que l’on nous attribue faussement, qui anime aussi des prêtres et des Évêques.

Bien des gens ont enfin ouvert les yeux depuis trois mois, Mgr ; car V. G. n’a pu réussir à préjuger contre des prêtres et des Évêques tous ceux qu’Elle avait trop facilement réussi à préjuger contre nous. Aujourd’hui on commence à voir, et à dire, que sa manière de traiter ces prêtres et ces Évêques peut fort bien indiquer aussi un manque de clairvoyance, de sagesse et de charité vis-à-vis de l’Institut ; que ses erreurs assez souvent répétées sur le chapitre de la sincérité peuvent très bien faire présumer aussi d’un manque de sincérité et de justice à notre égard ; que la passion qu’Elle laisse percer contre le Séminaire et contre l’Archevêque par ce qu’Elle permet à ses journaux de dire d’eux permet de supposer aussi de la passion contre nous ; que sa fertilité d’intrigue dans

  1. Voir la note A à la fin du volume.