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dans les leçons qu’il vous a faites, avait toutes mes sympathies. Et je le place ici près de moi comme mon bras droit dans la presse après l’avoir approuvé sous mon nom dans mon journal, afin que cet énorme auditoire comprenne bien qui je blâme et qui j’accepte. »

Si V. G. ne veut pas croire que la chose a été comprise ainsi par tout le monde, Évêques, prêtres et laïcs, Elle est encore plus aveuglée que je le pensais par la conviction que plusieurs de ses intimes lui attribuent, que ne faisant jamais rien d’important sans consulter le St. Esprit, Elle est habituellement guidée par lui. Voilà l’idée que les flatteurs de V. G. donnent au public de son humilité !

Ainsi donc sur dix Évêques présents, et sur plus de 400 prêtres, il se trouve que l’on a choisi pour les parties saillantes des cérémonies précisément les trois hommes qui devaient déplaire davantage à l’Archevêque, le principal invité de V. G. Et il y a des gens qui supposent le public assez obtus pour croire, par cela seul qu’on le lui dit, que le plus pur hazard a déterminé ces choix !

Parmi les laïcs, Mgr quand nous invitons quelqu’un à quelque fête de famille ou à quelque réunion d’amis, nous veillons avec le plus grand soin à ce qu’il ne lui arrive rien de désagréable, et nous regardons comme s’adressant à nous mêmes tout manque d’égards envers nos hôtes. Et quand malheureusement telle chose arrive, nous ne voyons rien de plus impérieusement obligatoire que d’en offrir avec empressement et regret nos excuses. Quant à celui qui se rend lui-même coupable d’inconvenance envers ses hôtes, j’évite de coucher ici les expressions qu’on lui applique. Je vois qu’il en est autrement dans le monde ecclésiastique, au moins dans celui du Diocèse de Montréal. Et ce sera toujours, Mgr, un sujet d’étonnement et de stupeur pour ceux qui ont la compréhension des convenances, que V. G. n’ait pas un instant songé à exprimer publiquement ou privément ses regrets à ceux à qui l’on a fait subir toutes ces avanies, et qui l’ont compris ainsi. Ce fait seul démontre que l’on avait un objet en vue. Mais ici encore, sans aucun doute, V. G. persistera à croire qu’Elle seule a raison et que tout le monde a tort.

Voici Mgr l’impression qu’ont reçu de tout ce qui s’est passé un nombre infini de personnes qui pourtant n’ont jamais été hostiles à l’Évêché, mais que l’évidence des faits domine.

« Il n’est pas admissible que le choix des trois prêtres désignés pour prédicateurs et assistant au trône ne soit que l’effet du hazard. Le hazard seul ne fait pas choisir ainsi précisément les hommes qu’il faut écarter. Il n’est pas non plus admissible que des sermons qui ont été tous deux fortement désagréables à une si grande portion des auditoires, même ecclésiastiques, soient aussi le pur effet du hazard. On peut faire croire ces choses aux imbéciles, mais non à ceux qui comprennent ce qu’ils voient. Il est donc évident que l’on avait quelque part l’intention de donner une leçon à plusieurs des invités. On peut sans doute nier cette intention, mais les paroles ne tiennent pas contre les faits. Était-ce là une occasion convenable de donner cette leçon ? Certainement non, car même quand on invite un adversaire, on doit le traiter comme ami tant qu’il est notre hôte, sinon l’on manque autant au bon sens qu’aux convenances. Et pourtant le fait de la leçon donnée aux invités existe, crève les yeux. On voulait donc les punir de quelque chose ; et c’est en organisant les détails de la grande fête que l’on a plus adroitement que chrétiennement préparé la punition. On a fait payer le plus cher que l’on a pu à l’Archevêque son rapport à Rome ; on a fait payer aux MM. de St. Sulpice la façon du décret de Rome, et on a bien clairement signifié aux Évêques présents que seul Mgr de Montréal avait fait tout son devoir. Ainsi cette grande fête qui devait unir tout le monde dans un commun esprit de sympathie et de bon vouloir réciproque, on lui a donné toute l’apparence d’un pieux guet-apens. »