Page:Dessaulles - La Grande Guerre ecclésiastique. La Comédie infernale et les noces d’or. La suprématie ecclésiastique sur l’ordre temporel, 1873.djvu/26

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 16 —

dû le servir en cachant ses torts ? Le cas est donc parfaitement clair, Mgr c’est le Nouveau-Monde, dont nous connaissons tous des innombrables péchés de mauvaise foi et de fourberie dans le passé, — péchés constatés par les feuilles cléricales elles-mêmes ou ceux qui les rédigent — c’est le Nouveau Monde qui a crié si fort au voleur pour rejetter sur d’autres le soupçon d’une publicité qui ne peut être due qu’à ceux qui le dirigent ou l’inspirent.

Voilà donc, Mgr, une véritable intrigue, et très noire, montée contre l’Archevêque ! Et par qui ? Ce n’est certainement pas Messieurs Cazeau et Paquet qui ont fait circuler pour jouer pièce à l’Archevêque, un document rédigé par eux et que l’on dit être si coupable ! Qui donc l’a fait circuler ? Qui avait possession du document, à part l’Archevêque ? Un seul Évêque, celui de Montréal ! Et cet Évêque est en lutte ardente avec l’Archevêque ! Et son organe est le seul journal qui, dans la presse religieuse, cherche ouvertement à nuire à l’Archevêque et le persiffle à outrance dans ses colonnes ! Où donc chercher le coupable ailleurs qu’ici ?

Naturellement, Messieurs Cazeau et Paquet n’accusent pas directement V. G. d’avoir trempé dans la communication indiscrète du document incriminé. Le sacerdoce est trop adroit pour dire les choses en toutes lettres quand il s’agit d’un supérieur ecclésiastique. Mais ces Messieurs constatent des choses qui ne sont pas niées et il faut bien que le public tire ses conséquences.

Mais comment douter aujourd’hui, après de si singulières révélations, qu’il y ait lutte ardente, acharnée, entre l’Évêché de Montréal et l’Archevêché de Québec ? On commence enfin à comprendre la vraie signification de certaines paroles, et encore plus de certaines restrictions, qui avaient été seulement remarquées comme singulières pendant la visite à Montréal de Mgr l’Archevêque comme délégué de la Cour de Rome. Nous voyons aujourd’hui combien étaient sincères quelques unes des paroles qui ont été dites alors en public !

Or, Mgr, comment le respect pour le Clergé ne diminuerait-il pas quand on observe ainsi tantôt des luttes acharnés et des reproches mutuels de mauvaise foi, tantôt des menées sourdes ou des intrigues secrètes qui n’ont que des prêtres pour auteurs ou pour objets ? Le rire est universel Monseigneur, et m’est avis que ce ne sont pas les rieurs qui sont coupables d’irrévérence, mais ceux là seuls qui reportent aujourd’hui sur les ecclésiastiques modérés la guerre sans merci qu’ils faisaient aux laïcs défendant leur droit et leur conscience contre l’arrogance ultramontaine locale !

Ainsi, pour avoir voulu décréter ex cathedra de gallicanisme un Archevêque et deux prêtres, auteurs d’un document connu des seuls Évêques, — je fais ici abstraction de cette déplorable habitude, suite d’une grande étroitesse d’esprit ou d’un fanatisme odieux, de présenter toujours comme dignes de tous les mépris et de toutes les haines, ceux qui ne sont pas ultramontains de cœur ou de profession ; car au point ou en sont les choses, Mgr, il va falloir haïr et mépriser bien des millions de catholiques qui ne veulent plus suivre le parti de la domination et de l’écrasement dans l’Église — pour avoir voulu, dis-je, décréter ex cathedra de gallicanisme un Archevêque et deux prêtres, parcequ’on jugeait ce moyen le meilleur pour discréditer celui là à Rome, on a tout simplement forcé ces deux prêtres, bien à leur corps défendant évidemment, de publier un fait qui, non seulement nous montre le Nouveau Monde sous son vrai jour comme calomniateur impudent des ecclésiastiques qui ne veulent pas tomber dans ses exagérations, mais qui compromet aussi le seul Évêque qui eût pris copie du document et fût en même temps en antagonisme ardent avec l’Archevêque. Voilà l’unique résultat pratique de toute la grande et honnête stratégie du Nouveau Monde ! Voilà le service que le journal fondé par V. G. lui a rendu !

Comment le respect pour le Clergé ne diminuerait il pas, quand nous voyons la même sainte feuille traiter de galli-