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parceque je me moque de la Législature et des tribunaux ; » mais si elle ne l’a pas dit, elle le fait, car elle n’a pas encore transmis les régîtres irréguliers pour authentification. Elle devait au moins le faire après la décision des juges, sinon après la lettre du Protonotaire. Il y a donc plus de trois mois qu’elle maintient contre la Législature et les juges le défi qu’elle a jeté à la loi. Sa phrase que l’acte peut devenir une lettre morte, signifiait donc dans son esprit : « Je ne bougerai pas quoique vous fassiez. » C’est le plus sûr soutien de l’ordre dans l’état qui parle ainsi à l’état ! La loi et les tribunaux sont donc moins que rien pour les ecclésiastiques.

S. G. résiste donc carrément à loi et aux tribunaux. Mais il fallait colorer sa résistance, et comment s’y prend elle ? Voyons un peu à quel renversement des faits et de toute franchise elle a recours pour expliquer cette résistance. Elle continue donc : … « et les catholiques recourront comme ils viennent de le faire à la Législature pour lui demander une nouvelle loi qui pourvoie plus efficacement à l’état de souffrance dans lequel les aura jetés l’ordre en question. »

Ainsi ce n’est pas S. G, qui tient des régîtres illégaux depuis quatre ans, qui cause un état de souffrance ; ce sont les juges au contraire qui le causent en exécutant la loi ! Ce n’est pas S. G. qui a compromis les fortunes privées par ses registres illégaux ; ce sont bel et bien les juges qui régularisent ces régîtres ! Eh bien, je le demande à tous les hommes francs et honnêtes ; comment qualifier comme elle le mérite cette audacieuse perversion des faits ? Comment s’amener à croire qu’un Évêque puisse les pervertir ainsi de sang froid ? S’il ne comprend pas la question, pourquoi parle t-il ? Et s’il a la pleine intelligence de ce qu’il ose dire ; alors… le mot propre pour définir son acte serait si gros qu’il me faut renoncer à l’employer.

Voici donc la loyale logique de S. G. « L’état de souffrance n’est pas causée par mon acte illégal, mais seulement par votre acte de légalisation. » J’ai fait du bien moi, par l’acte qu’il faut corriger ; c’est vous, juges, qui faites du mal en corrigeant un acte qui compromettait les fortunes individuelles. » Autant vaut donc dire : « ce n’est pas la blessure qui cause le désordre de la santé, c’est le remède : » « ce n’est pas celui qui vous loge une balle dans l’épaule qui attente à votre vie, c’est le médecin qui vient l’extraire !  ! »

Eh bien, voilà la logique et le sens des affaires qui ont présidé depuis trente ans à l’administration de ce grand Diocèse ! Et impies étaient ceux qui osaient trouver en défaut ce logicien exceptionnel :

Mais ce n’est pas tout encore. Non-seulement S. G. n’avoue jamais qu’elle a pu se tromper, mais quelqu’évidents que soient ses torts ou ses erreurs, il faut encore faire croire que ce sont les autres qui se sont trompés ! « J’ai tort, c’est vrai, mais que deviendrait la religion si la masse qui fait ma force croyait que c’est moi qui me trompe ? Je vais donc lui dire que c’est vous qui avez tort quoique vous ayiez clairement raison en loi, et que c’est moi qui ai raison quoique la loi me condamne. » Voilà comme S. G. applique religieusement le précepte : « Faites aux autres ce que vous désirez qu’ils vous fassent. »

« Cet ordre, dit S. G. est donc propre à compliquer les difficultés qui ont existé jusqu’ici, et les intentions des Législateurs vont se trouver frustrées par un tel ordre…

L’ordre des juges va compliquer les difficultés. Comment peut-il les compliquer quand il n’y avait au contraire pas d’autre moyen de les applanir ? Pourquoi y a-t-il des difficultés ? Parceque S. G. a tenu des régîtres qui n’ont aucune authenticité légale. C’est donc S. G. qui a donné naissance aux difficultés. Si l’ordre des juges est exécuté, les difficultés disparaitront-elles ? Certainement oui. Il n’est donc pas vrai qu’il complique les difficultés. Qu’est-ce donc que les complique ? Rien autre chose absolument que la résistance de l’Évêque à ce qu’elle ap-