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lui imposait presque forcément ? Qu’a fait S. G. autre chose, en couvrant de son égide deux journaux qui ont si fort scandalisé les catholiques, qu’assumer directement la responsabilité de leurs insultes ? Était-ce bien le rôle d’un Évêque de chercher à justifier ce qui est clairement indéfendable ? Le document qu’Elle a baisé ne lui indiquait-il pas quelque chose de mieux à faire ? En vérité la vénération de S. G. pour ce document me semble fort être du même calibre que sa charité et sa mansuétude pastorales envers les membres catholiques de l’Institut.

Maintenant dans plusieurs phrases de sa lettre, S. G. argue sans trop le dire du manque de sincérité de l’Archevêque. D’après Elle, il fait dire au document de Rome ce qu’il ne dit pas ; il le commente pour l’interpréter dans un sens qui ne lui est pas propre et naturel ; l’exposé de l’Archevêque peut induire en erreur ceux qui n’ont pas suivi son court plaidoyer devant la Propagande… Enfin l’Archevêque n’a pas signalé d’autres journaux coupables, etc., etc.

Eh bien, ces assertions sont-elles vraies ? Je ne crains pas de dire que les trois premières ne le sont pas, et que la dernière est souverainement injuste. Si Mgr de Montréal avait à se plaindre sous un rapport ou sous un autre, de certains journaux, pourquoi ne les déférait-il pas lui-même à la Propagande ? Pourquoi S. G. n’envoyait-elle pas ces journaux à Rome par Mgr Laflèche, son délégué ? Sa Grandeur a bonne grâce, en vérité, à reprocher à l’Archevêque de n’avoir pas dénoncé les journaux dont Elle avait à se plaindre ! Quant aux trois autres reproches, il est facile de montrer que ce n’est pas l’Archevêque, mais S. G. seule qui contourne péniblement la lettre du Cardinal pour y trouver ce qui n’y est certainement pas ; que c’est S. G. qui donne aux écrits et aux faits un sens évidemment forcé ; que c’est S. G. qui tire ses conclusions par les cheveux pour influencer les esprits dans un sens contraire à la raison et aux faits.

Encore une fois je ne me donne pas la mission de défendre l’Archevêque ni personne autre ; mais j’apprécie sans crainte comme sans hostilité préconçue ce qui se passe sous mes yeux ; j’examine les petites tactiques auxquelles Mgr de Montréal a eu recours contre ses propres collègues, et je ne veux montrer qu’une chose, savoir : que Mgr de Montréal n’est pas plus sincère dans sa lutte contre l’Archevêque qu’il ne l’a été dans la guerre inintelligente et aveugle qu’il a faite à l’Institut. Quand un homme se montre aussi opiniâtre dans ses idées que sa lettre à l’Archevêque le démontre ; quand il vient prouver si clairement qu’il n’est pas dans sa nature de céder à qui que ce soit ni sur quoique ce soit, quelle autre conclusion peut-on en tirer que le désir de rendre justice à autrui est le moindre de ses soucis ; que l’obligation de reconnaître ses torts est la moindre de ses inquiétudes ? Et si les hommes qui ont l’habitude d’approuver toujours en public parceque c’est un Évêque qui parle, les choses qu’ils blâment dans leur conscience, veulent prétendre que je vais trop loin dans ma lutte contre le despotisme épiscopal de ce Diocèse et contre son auteur, je leur répondrai qu’il y a quinze ans que Mgr de Montréal représente les membres de l’Institut sous les plus fausses couleurs ; qu’il ne perd jamais une occasion de leur attribuer des idées qu’ils n’ont pas, des actes qu’ils n’ont jamais commis, etc. ; qu’il ameute contre eux par le fait seul de son caractère d’Évêque, toute la presse religieuse du pays ainsi que tous les gens qui ne se donnent pas la peine d’examiner une question quand un Évêque a parlé, et qu’il les a en toute préméditation calomniés dans ses mandements, traités d’hypocrites, de blasphémateurs et d’impies quand il ne peut rien montrer au soutien de ces injures !  ! Et c’est après nous avoir traités ainsi qu’il vient couvrir de son propre corps deux feuilles qui ont publié de véritables infamies contre ses collègues !  ! Mais aussi c’est là qu’il est venu échouer dans sa tactique d’écrasement contre tous ceux qui tiennent à leur libre arbitre comme