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ne peut le voir, l’approcher sans permis ! Il ne peut franchir l’enceinte de sa maison et de l’étroit enclos qui la contient.

Voilà ce que les admirateurs de l’Inquisition appellent n’être pas en prison… être traité avec tous les égards, tous les ménagements possibles !

Et puis, au moins, pour justifier ou expliquer ces rigueurs, s’agissait-il d’un crime commis ? Pas le moins du monde. On voulait tout simplement infliger une légère punition (style d’aujourd’hui) à l’un des plus grands génies de l’histoire qui s’était donné le tort de vouloir démontrer une vérité.

Cette légère punition, c’est la disparition de ce génie de la société dont il était la plus haute gloire. Cela dure neuf ans ; mais avec les admirateurs de l’Inquisition, qu’est-ce que neuf ans dans la vie d’un homme, en aurait-il déjà soixante-dix ? Ces philanthropes d’une nouvelle espèce n’ont pas encore réussi à découvrir là, je ne dirai pas une monstruosité, mais même la plus simple exagération de rigueur.

Pendant ces neuf années il ne peut rien publier, rien communiquer de ses méditations au monde savant. En tant qu’écrivain c’est le silence absolu et perpétuel qu’on lui impose. Pourquoi ? Parce qu’il tenait trop à ses opinions, dit Bergier, opinions que tout le monde a adoptées depuis. Son corps n’était pas au cachot, dit-on. — Non, sans doute ; mais son intelligence, son âme, sa pensée, y étaient bien certainement ! C’est bien plus encore le génie auquel il est défendu de franchir le seuil ; et il faut qu’un de ses amis aille jusqu’au fond de la Hollande, à quatre cent lieues de Florence, pour faire imprimer une de ses œuvres ! Et encore est-il obligé de déclarer qu’il la lui a dérobée, de peur de le compromettre !

Et après tout cela, on n’a que des sarcasmes et des injures à jeter à ceux qui osent observer que Galilée n’a pas été traité avec toute la douceur possible !

Après sa mort, les familiers de l’Inquisition prétendent que ses dernières dispositions sont entachées de nullité, parce qu’ayant été pénitencié par l’Inquisition, il n’avait pas le droit de tester. Il fallut, pour que ses dernières volontés fussent respectées, que les trois plus célèbres légistes de Florence décidassent que sa condamnation ne l’avait pas flétri !