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Ce qui le prouve, c’est que l’on est encore plus stricte contre la doctrine que barbare envers l’individu. Une fois la condamnation prononcée, c’est l’intelligence que l’on séquestre avec le plus de rigueur ! C’est beaucoup plus contre le génie que contre l’individu que l’on sévit ! C’est à la pensée surtout que l’on interdit son domaine naturel, la libre communication avec les peuples, avec l’humanité !

Défense de rien écrire, de rien publier ! « Eh ! quoi ! » disait Micanzio au grand Inquisiteur, « même s’il voulait imprimer le Credo ? »

On savait que toutes ces défenses, que toutes ces prohibitions de l’intolérance n’atteignaient pas la pensée ; que l’âme conservait sa puissance méditative, sa force créatrice ; que fait-on ?

On ôte à l’illustre victime presque toute possibilité de faire de nouvelles découvertes scientifiques. À Arcetri ce grand homme se plaint qu’il n’a plus aucun moyen de pousser ses investigations, de continuer ses recherches, d’éclaircir ses doutes, de multiplier ses expériences, de compléter ses travaux.

« Il me restait pourtant beaucoup à faire, » écrit-il à Diodati.

Que de découvertes en germe, peut-être, dans ces paroles, venant d’une telle intelligence !

Hélas ! la lumière était sous le boisseau !

La lettre voulait tuer l’esprit !

Et puis, voyez quelle suite, quelle persévérance, dans ce combat livré par l’esprit d’intolérance aux idées progressives, à la science émancipée.

On condamne Copernic, et par contre-coup Galilée, en 1616. Quatre ans après, en 1620, on condamne Képler et ses démonstrations rigoureusement, exclusivement mathématiques. Treize ans plus tard, en 1633, on condamne Galilée personnellement, on l’emprisonne, on le torture, et on le force à l’abjuration d’une vérité mathématiquement démontrée.

De 1633 à 1642, pendant neuf ans, on le prive de sa liberté personnelle ; il ne peut voir librement ses amis ; on le tient séparé du reste du monde ; on met le séquestre sur son génie ! Il n’est pas dans un de ces sombres et sinistres édifices que l’on nomme prisons, je le sais ; mais personne, hormis le Grand-Duc de Toscane et les Inquisiteurs,