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cours et démonstrations mathématiques sur deux nouvelles sciences, qui fut publié à Leyde la même année.

Ce grand penseur était obligé d’aller chercher des lecteurs à 400 lieues de son pays. Mais voyez encore quelle devait être sa position, quelles précautions il avait à prendre ! De peur d’un redoublement de rigueur, il obligea l’ami auquel il confia son manuscrit, d’affirmer, dans l’avertissement qu’il mettrait en tête de l’ouvrage, qu’il le lui avait dérobé.

Tous les genres de rigueurs, toutes les tyrannies possibles, toutes les tortures morales ont donc été infligées à ce véritable martyr de la science !

Eh bien ! c’est cette profonde infortune, c’est cet interminable supplice, c’est cette vie abreuvée de dégoûts, de vexations brutales, c’est cette série non interrompue de hideuses persécutions (Arago), que M. De Maistre, cet audacieux sophiste, cet impudent falsificateur de l’histoire, a ôsé railler, a osé qualifier, avec le rire du bourreau, d’historiette de Galilée ! Et cet homme parle, écrit, se donne comme le défenseur-né de la morale, de l’honnêteté, de la justice, du droit, de la vérité !

Galilée attachait, comme de raison, beaucoup d’importance à ce que ses travaux et ses études ne fussent pas perdus pour la science, et il prit des précautions minutieuses pour transmettre à la postérité le fruit de ses méditations et de ses veilles. Il légua tous ces manuscrits à Viviani, son élève et presque son fils adoptif. Celui-ci les mit au net, mais fut obligé de les cacher, pour les soustraire aux recherches actives qui furent faites pour les découvrir. Le petit-fils de Galilée eut en sa possession plusieurs manuscrits importants du grand philosophe, mais étant entré dans les ordres, il les brûla par scrupule.

Après la mort de Viviani, les précieux manuscrits qu’il avait assemblés et enfouis dans un silo furent découverts par un domestique qui, ignorant la valeur de ce dépôt, crut n’en pouvoir mieux disposer qu’en les vendant à un charcutier, qui en fit des enveloppes.

Le sénateur Nelli, un des grands admirateurs de Galilée, étant un jour entré dans la boutique de ce charcutier pour y acheter quelque chose, l’enveloppe de l’objet acheté se trouva être une lettre autographe de Galilée. Nelli retourne de suite chez le charcutier, lui demande comment il se trouve en possession d’un pareil document, et le charcutier lui in-