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procédé pour déterminer le poids de l’air ; là des recherches sur la chaleur rayonnante, qui, dit-il, traverse l’air sans l’échauffer et est différente de la lumière ; plus loin, des considérations sur la vitesse de la lumière dont il ne croit pas la propagation instantanée. La méthode pour apprécier la cohésion des corps, l’observation à l’aide de laquelle il détermine les rapports des vibrations, ses idées sur le magnétisme terrestre, sont bien dignes de remarque. Il a aussi fait de longues recherches sur le calcul des indivisibles, sur le calcul des probabilités ; sur la force par laquelle les corps agissent les uns sur les autres. Enfin sous le rapport du style, Galilée est un des meilleurs prosateurs et des plus illustres écrivains de l’Italie. Ses dissertations sont d’une clarté, d’une lucidité inconnue à son époque, et le raisonnement y est toujours simple et juste. »

Galilée est donc incontestablement un des génies les plus vastes, une des intelligences les plus sublimes que le monde ait vus.

Eh bien ! le plus grand crime de l’Inquisition, ce n’est pas d’avoir torturé le corps, c’est d’avoir essayé à étouffer le génie ; c’est d’avoir muré la pensée ; c’est d’avoir conséquemment nui au progrès de la science, à la dissémination des connaissances utiles, des travaux philosophiques.

Quel est le savant qui n’a pas dû être effrayé du traitement fait à Galilée ? Est-il raisonnable de croire qu’une aussi violente persécution n’a pu avoir aucun effet sur les hommes qui s’occupaient de recherches scientifiques ? Les bûchers allumés partout, en Italie, en Espagne, en France, en Allemagne, en Hollande, ne devaient-ils pas avoir l’effet de forcer les intelligences d’élite de se dissimuler en quelque sorte, de se faire petites pour n’être pas aperçues des sbires de la pensée ?

Pendant tout le temps de sa réclusion à Arcétri, Galilée ne put, comme de raison, publier aucun de ses ouvrages. Il l’essaya bien à deux ou trois reprises différentes, mais comme sa sentence portait la défense formelle de rien publier, s’il envoyait un manuscrit quelque part, de suite arrivait une défense de l’imprimer, de la part du Saint-Office. Il réussit néanmoins, en 1638, à faire passer en Hollande le manuscrit de son grand ouvrage intitulé : Dis-