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talent et de goût, pouvaient, sans examen, adopter les opinions les plus erronées, quelquefois même les plus ridicules, — pouvaient admettre, sans discussion des faits, les erreurs les plus manifestes. Jusqu’à Galilée, les hommes qui s’occupaient de science paraissaient chercher, dans l’étude de la nature physique, plutôt le merveilleux que le vrai : et on est vraiment tenté de croire que le vrai leur paraissait peu digne d’exercer l’attention, de provoquer l’étude du philosophe.

Les phénomènes extraordinaires exerçaient seuls la sagacité des savants qui eussent cru déroger en observant attentivement mille effets naturels que nous voyons tous les jours se passer sous nos yeux ; et on a mis en quelque sorte des siècles à s’apercevoir que, pour expliquer les faits les plus étranges que présente la nature, il fallait d’abord chercher et comprendre les causes des faits les plus ordinaires et qui paraissent les moins remarquables.

Le balancement d’une lampe à la voûte d’une église, la chute d’une pierre, sont des faits bien simples en eux-mêmes, et pourtant c’est de l’observation de ces faits si simples et si longtemps dédaignés, que des hommes de génie ont déduit les principales lois de la nature ; c’est l’observation de ces faits qui les a conduits aux plus brillantes et aux plus utiles découvertes dont s’enorgueillisse la science.

Avant Galilée, les esprits les plus éminents paraissent n’avoir pas même soupçonné l’existence des erreurs infinies qui faisaient le fond de tous les systèmes de philosophie ou d’enseignement. Ils acceptaient tout sur la foi d’un nom célèbre, d’une opinion un peu générale. Ce qu’ils recherchaient avec passion, c’était l’extraordinaire, le surnaturel, ou ce qui leur paraissait l’être. Galilée se fraya une autre route, et s’appliqua évidemment à dégager l’erreur de la vérité ; à discuter les opinions, les systèmes scientifiques ; à approfondir les croyances populaires adoptées aveuglément par les hommes d’étude ; à remonter des effets aux causes ; à étudier les faits naturels dont les causes étaient restées inexpliquées. Ce fut une véritable révolution qu’il opéra dans la philosophie, dans la science, dans l’enseignement. Le caractère spécial de ce grand esprit, c’est la critique des faits, la recherche de leur raison d’être ; son côté le plus saillant, c’est la faculté d’observation, je dirais pres-