Et puis, une remarque, en passant. Qu’est-ce que c’est que l’abjuration de Galilée ? C’est la renonciation à une croyance sincère, profonde, invincible chez lui, parce qu’elle était le résultat de ses études, de ses méditations, de ses observations astronomiques, de son expérience personnelle, en un mot ; c’est la déclaration que ce qu’il sait être vrai, il le proclame faux ; c’est l’admission que ce qu’il voit de ses yeux, il ne le voit pas ; c’est l’affirmation, en quelque sorte, que le soleil ne luit pas. Eh bien ! à première vue, mettant de côté pour un instant toutes les preuves que je donne, est-il probable qu’un esprit de cette portée, qu’un caractère de cette trempe, qu’un homme qui a toujours fait preuve d’une si grande indépendance personnelle, d’une si haute élévation de sentiments, est-il probable, est-il croyable que sans la plus terrible pression morale, que sans la plus barbare coercition physique, il aurait consenti à abjurer sa conviction la plus intime, la plus chère ? Cela n’est pas dans la nature.
Après son abjuration, Galilée croyait au mouvement de la terre tout aussi fermement, tout aussi sincèrement qu’avant, car la persécution n’a jamais changé les convictions intimes de qui que ce soit, et ce n’étaient certainement pas les raisonnements des Inquisiteurs qui avaient pu lui démontrer la fausseté de sa doctrine ! Eh bien ! peut-on croire qu’on lui ait arraché cette négation d’une doctrine qu’il n’abjurait pas intérieurement sans avoir eu recours aux plus terribles moyens dont le Saint-Office pût disposer ? Évidemment non !
On a dû le traiter avec indulgence, dit-on, vu son grand âge, ses qualités personnelles… Misère et ineptie que tout cela !
En vérité, il faut bien peu connaître le Saint Office ; il faut ignorer bien profondément toute l’histoire du 15e et du 16e siècle pour exprimer cette pensée !
D’abord je ne vois pas pourquoi, quand on humiliait si inhumainement le génie, quand on torturait si brutalement la conscience, je ne vois pas, dis-je, pourquoi on aurait été si humain, si indulgent pour le corps. Je ne sache pas que le Saint Office ait jamais reculé devant une douleur à faire subir, devant un supplice à infliger !
Et puis, Galilée est-il donc le seul homme, illustre par son génie, sur lequel la terrible main du Saint Office se soit