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« Moi, Galileo Galileï, j’ai abjuré comme dessus, de ma propre main. »

Examinons un peu, maintenant, cet incroyable document, cet impérissable monument de fanatisme, cette preuve péremptoire d’une persécution odieuse, qui doit marquer d’un stigmate indélébile, dit M. Arago, le tribunal au nom duquel la sentence a été rendue, et les juges qui y apposèrent leur nom.

La première chose qui frappe, en lisant cette déplorable pièce, c’est la profonde humiliation personnelle, c’est la poignante dégradation morale infligée à l’une des plus fortes intelligences qui aient existé ; c’est l’obligation dans laquelle on plaça l’immortel vieillard de souscrire, d’attester avec les formes les plus respectables que l’on pût employer, un parjure formel ; car Galilée, après vingt ans de profondes études, en était arrivé à une certitude invincible que le système de Copernic était l’expression de la vérité scientifique. Il croyait au mouvement de la terre avec la même force de conviction, la même sécurité de conscience que nous y croyons tous. Eh bien ! c’est ce fait évident, avéré pour lui, par suite de ses démonstrations et de ses découvertes astronomiques ; c’est cette vérité mathématique dont il ne doutait pas plus que de sa propre existence, qu’on lui fait déclarer, la main sur l’Évangile, être une doctrine fausse, contraire aux livres sacrés ; être enfin une hérésie formelle qu’il déclare détester et maudire !!

Voyons, soyons de bon compte ; mettons de côté toute idée préconçue, tout préjugé en faveur d’un ordre, d’une classe ; examinons la question strictement en elle-même : vit-on jamais torture morale plus cruelle, plus atroce, que celle qu’eut à subir cette illustre victime de l’esprit de persécution ! Voyez-le, cet homme chargé de gloire, un des quatre ou cinq plus grands génies qui aient existé, dit M. Arago ; voyez-le, ce bon vieillard de 70 ans, agenouillé, pieds nus, en chemise, comme les plus vils criminels, comme les parricides, les assassins, les voleurs ; entendez-le proclamer que d’une foi non feinte il abhorre une opinion qu’il sait être vraie, une opinion que, le premier d’entre les hommes, il a démontrée être vraie !! Et ce n’est pas tout. On force ce grand homme, un des cœurs les plus généreux qui aient existé, à promettre de se faire, quoi ? Espion ! espion du Saint Office : on lui fait déclarer qu’il