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Galilée ne fut pas nommé dans ce décret parce qu’il avait promis de ne plus enseigner le système de Copernic ; néanmoins ses ennemis répandirent le bruit qu’il avait été puni et forcé de rétracter ses opinions. Pour démentir ces assertions, il se fit donner, par le cardinal Bellarmin, un certificat portant « qu’il n’avait pas été puni ni condamné comme auteur de doctrines hérétiques ; mais qu’on avait exigé qu’il renonçât à l’opinion du mouvement de la terre, comme contraire à l’Écriture sainte, et qu’on lui avait défendu de l’enseigner à l’avenir. »

Galilée ressentit vivement cette condamnation, portée par des hommes qui ignoraient absolument la science de l’astronomie, contre un système qu’ils ne comprenaient pas et refusaient même d’étudier ; et il voulut tenter de nouveaux efforts pour démontrer l’injustice du décret, non pas tant contre lui personnellement que contre les auteurs qui y étaient nommés. Il ne pouvait se résoudre à voir tuer, pour ainsi dire, une idée féconde, à voir ensevelir un système de la vérité duquel il s’était convaincu par les études et les observations les plus étendues et les plus approfondies qui eussent jamais été faites ! Il ne pouvait se résoudre à renoncer d’enseigner une vérité qui lui paraissait tout-à-fait incontestable ; et il se mit à solliciter plusieurs personnages influents pour tâcher d’obtenir la révision du décret de la Congrégation de l’Index. Mais Paul V s’irrita tellement de ce qu’il regardait comme une désobéissance formelle, que Guicciardini, ministre de Toscane à Rome, se crut obligé d’écrire au Grand-Duc que Galilée se compromettait gravement, et que ce serait peut-être s’exposer à une rupture avec la cour de Rome que d’essayer de le protéger, et qu’il vaudrait beaucoup mieux, en conséquence, le faire revenir en Toscane. Les motifs que l’Ambassadeur fait valoir dans cette lettre sont très curieux.

« Le Pape actuel, dit Guicciardini, fait fort peu de cas des lettres et des talents, et ne peut souffrir les nouveautés ; de sorte que ceux qui savent quelque chose, s’ils ont un peu d’esprit, font semblant de ne rien savoir pour éviter d’être persécutés. »

Puis il ajoute que les moines de toutes dénominations sont ennemis de Galilée, et que si celui-ci reste à Rome, il finira par s’attirer des désagréments sérieux, et peut-être