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min avait exprimé l’opinion que le système de Copernic était en contradiction avec l’Évangile, et par conséquent avec la foi, craignit qu’on ne réussît à obtenir de la Congrégation de l’Index la condamnation du système dont il se croyait en état de démontrer l’exacte vérité, et se rendit à Rome pour défendre sa doctrine et ses démonstrations.

Le Grand Duc de Toscane lui avait donné de nombreuses lettres de recommandation ; mais à son arrivée à Rome il trouva les préjugés beaucoup plus violents contre lui qu’il ne s’y attendait, et il vit que ses ennemis avaient fait bien du chemin. Les cardinaux, ses admirateurs et amis de 1611, n’osaient déjà plus en 1616 élever la voix en sa faveur, et il s’aperçut que la protection du Grand Duc lui serait de bien peu de secours. Néanmoins, avec cette énergie que donne la conscience de la vérité et la certitude d’une bonne cause, il fit tête à ses ennemis et exprima beaucoup d’espoir dans une lettre qu’il adressa au secrétaire du Grand Duc.

Il était soutenu par le prince Cési, Président de l’Académie des Sinceï, corps savant qui s’était formé à Rome ; mais l’influence des savants n’allait pas loin sous Paul V qui ne les aimait guères ; et quand le cardinal Arsini, seul de tout le sacré collège, voulut entreprendre de plaider devant le Pape la cause de Galilée et de son enseignement, non seulement le Pape l’accueillit froidement, mais il lui intima l’ordre formel de garder un silence absolu sur ces questions.

Galilée se trouva donc réduit à ses propres forces, à sa seule influence personnelle dans un temps où la protection des hommes puissants était tout, et le génie compté pour assez pauvre monnaie. Il multiplia vainement ses leçons et ses démonstrations devant l’Académie des Sinceï et ailleurs : le raisonnement, l’expérience, ses propres observations astronomiques, que tout le monde pouvait faire comme lui, tout cela fut incompris ou repoussé comme rêveries ou innovations dangereuses ; et en dépit de ses lucides et savantes démonstrations, dit M. Arago, juge assez compétent en pareille matière, Galilée fut sommé de comparaître devant le St. Office.

L’acte d’accusation porte qu’il a été dénoncé pour avoir tenu comme vraie, la fausse doctrine que le soleil était le centre du monde et qu’il était immobile, et que la terre