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stat, » etc., etc., et on tirait de ces deux passages la conclusion que la terre était nécessairement immobile au centre de l’univers, et que toutes les planètes, puis le soleil, puis toutes les étoiles tournaient autour d’elle ; puis que le mouvement du soleil autour de la terre étant prouvé par le livre sacré, on ne pouvait croire à son immobilité sans tomber formellement dans l’hérésie.

Galilée répondit à toutes ces objections dans une lettre adressée en 1615 à la Grande Duchesse de Toscane. Il y examine le côté théologique de la question, non pas, comme cela a été affirmé erronément, pour faire de l’Évangile la base de son système, mais uniquement pour faire voir que ses adversaires se trompaient quand ils prétendaient que la théorie de Copernic était en contradiction formelle avec le texte sacré. Son unique but était de prouver que le texte de la Bible, raisonnablement interprété, n’était nullement en opposition avec le système de Copernic. Il démontre, par la citation de nombreux passages de l’Évangile et par plusieurs citations des pères de l’Église, que l’on pouvait, sans irrévérence, ne pas prendre à la lettre les deux passages en question ; il rappelle à ses adversaires qu’il y a une multitude de passages de l’Évangile qu’eux-mêmes n’interprétaient pas à la lettre, sans pour cela se croire hérétiques.

Mais tout fut inutile, parce que le préjugé et l’ignorance étaient beaucoup plus la cause de ces attaques que la conviction religieuse froissée. On avait toujours cru au mouvement du soleil autour de la terre, et on n’en voulait pas démordre ; mais comme on n’avait rien de plausible, à part les deux textes de la Bible auxquels j’ai fait allusion, à opposer aux lumineuses démonstrations de Galilée en faveur du mouvement de la terre, la tourbe des criards se rejetait sur l’audacieuse prétention d’un laïque d’interpréter mieux la Bible que tous ses interprètes naturels ne l’avaient fait pendant une longue suite de siècles. On accusait Galilée d’empiéter sur les droits et prérogatives de l’Église, de porter la main à l’encensoir, de manquer de respect au corps du Clergé, et de pareils reproches avaient déjà valu la prison, la torture et le bûcher à plus d’un homme illustre.

Galilée, voyant l’orage gronder autour de lui, et ayant été informé par ses amis de Rome que le cardinal Bellar-