Page:Dessaulles - Discours sur l'Institut canadien, 1863.djvu/7

Cette page a été validée par deux contributeurs.

tribune ou du barreau. De plus cet exemple avait été suivi.

Québec, Trois-Rivières, St.-Hyacinthe, St.-Jean, St.-Athanase, l’Industrie, Chambly, Sorel, Berthier, l’Assomption avaient vu se former des institutions analogues à celle de Montréal ; l’émulation du travail et de l’étude surgissait partout, et c’était à l’Institut Canadien que revenait la gloire d’avoir le premier montré la route de ce genre de progrès et donné l’exemple d’une association fondée dans un but d’enseignement mutuel.


IV


Tout semblait donc marcher à souhait pour la jeune institution quand, en février 1850, un terrible malheur vint fondre sur elle. Un incendie dévora ses archives, sa bibliothèque, son ameublement ; en une nuit le travail et les dons accumulés de six années furent détruits ; elle se trouva complètement désorganisée dans un temps où l’avenir semblait ne lui réserver que des succès, et tout fut à recommencer.

Dans le premier moment, ce revers parut être un désastre irréparable. Cette bibliothèque, due en plus grande partie à la générosité publique, comment la reconstituer ? Où aller frapper ! Une somme de 600 piastres, produit de l’assurance, pour recommencer ! Cette somme serait plus qu’absorbée par les premiers frais d’installation ! De la bibliothèque, il restait 51 volumes, presque tous dépareillés, qui se trouvaient entre les mains des membres lors de l’incendie. On avait tout perdu, jusqu’aux noms des membres.

Ce malheur, quelque cruel qu’il fût, ne pouvait néanmoins jeter le découragement d’une manière permanente chez des hommes qui avaient adopté la devise : le travail triomphe de tout, car elle implique autant la persévérance que l’énergie.

On comprit bientôt, d’ailleurs, qu’avec les sympathies déjà acquises d’un public comme celui de Montréal, sympathies qu’un revers si inattendu ne pouvait que surexciter, rien n’était perdu. On se remit donc à l’œuvre avec courage, et dès le 17 décembre 1850, dix mois après le désastre, on comptait déjà 700 volumes dans la bibliothèque, et on avait réuni, par souscription, une somme de £115 pour en acheter d’autres.

En 1852, l’Institut comptait déjà 418 membres et sa bibliothèque se composait de 2,000 volumes dont près de 1,500 provenaient des dons qui lui avaient été faits par ses amis. Deux ans après le désastre, l’Institut se trouvait dans une meilleure situation qu’avant.

Le rapport annuel de 1853, porte le nombre des membres actifs à 500 et à 2,700 le chiffre des volumes de la bibliothèque.

Celui de 1854, porte le chiffre des membres à 629 et celui de la bibliothèque à 3,400 volumes.


V


L’association avait acquis une si grande importance que l’on songea alors à acquérir une propriété, afin de se débarrasser de la charge d’un loyer annuel et de se donner le luxe du chez soi. D’ailleurs l’acquisition d’une propriété donnait à l’association un caractère de permanence et de stabilité qui devait lui assurer la continuation de l’encouragement cordial que lui donnait le public de Montréal, sinon l’augmenter encore. Les membres de l’Institut souscrivirent au delà de mille louis pour cette acquisition et nombre de citoyens de cette ville, qui n’étaient pas membres de l’Institut, mais qui savaient apprécier les avantages d’une pareille association, souscrivirent aussi des sommes importantes. Après quelques démarches l’Institut devint, le 14 février 1854, propriétaire de la maison où nous sommes aujourd’hui.

En même temps que l’Institut faisait l’acquisition de cette propriété, il obtenait de la Législature un acte d’incorporation qui lui assurait l’existence légale et le reconnaissait comme une des associations régulières de l’état.

Au mois de décembre 1855, le nombre de ses membres actifs était de 664, et sa bibliothèque contenait environ 4,000 volumes. Ainsi quatre ans seulement après un revers qui avait semblé être un désastre presqu’irréparable, l’Institut se trouvait dans une situation plus florissante que jamais, s’était donné l’existence légale et la propriété d’un