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différents de ceux qu’ils doivent permanemment occuper. »

Eh bien, franchement, si une pareille proposition avait été faite par un membre du Parlement, n’aurait-on pas de suite écrit à Beauport pour savoir s’il restait des loges vides ?

M. Cartier et ses collègues n’en ont pas moins réalisé « dans tous ses détails » une proposition qui eût infailliblement excité un immense éclat de rire dans les Chambres et dans tout le pays !

Cette colossale bouffonnerie, qu’un fou seul eût osé énoncer ; le Ministère l’a commise, et la Chambre l’a sanctionnée !!

Et les Ministres n’en ont pas osé moins dire : « Nous sommes dans l’esprit de la loi !! » Et ils savaient mieux que personne qu’ils eussent été honnis l’année dernière s’ils avaient seulement laissé percer l’idée d’un pareil acte.

Dans l’interprétation d’une loi, le bon-sens doit passer avant tout, car la loi n’est au fond que la plus haute expression de la justice et de la raison réunies ! C’est un axiome en législation et en droit civil « qu’une interprétation qui blesse le sens-commun et conduit à des conséquences absurdes ne peut-être admise. »

Or les membres de l’administration McDonald étant devenus simples membres de la Chambre par le fait de l’assermentation du Ministère Brown, il est parfaitement clair que l’administration McDonald n’existait plus : il ne pouvait donc pas y avoir d’échange de départements entre « membres de la même administration ». Cet échange n’a eu lieu qu’entre Ministres appartenant à deux administrations différentes qui ne se succédaient même pas directement l’une à l’autre, puisqu’une administration intermédiaire « avait reçu une existence légale. » L’échange n’a donc eu lieu qu’au moyen d’un « enjambement » par dessus ce ministère intermédiaire. Ce n’était donc pas légalement un échange. C’était de tout point une nouvelle acceptation de charge sujette aux restrictions de la loi.

L’interprétation donnée à la loi par le ministère actuel conduit donc directement à cette absurdité prati-