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neur s’il dissoudrait la Chambre ou non ? Sans un engagement explicite du Gouverneur, il ne devait pas accepter.

— Quel espèce d’engagement M. Brown pouvait-il exiger ? S’il en demandait un, ce qui était une preuve de défiance envers Son Excellence, il ne pouvait faire autrement que de le demander écrit, car se contenter d’un engagement purement verbal avec un homme dans la loyauté duquel on n’a pas foi, ne serait certes pas d’un homme d’affaires ; il devait donc exiger une stipulation écrite. — Comment pouvait-il le faire à la suite des résolutions passées par l’Assemblée législative le 2 décembre 1843, où la règle constitutionnelle est clairement définie, et dont voici la partie qui a trait à la question.

« Cette Chambre désavoue formellement toute intention d’engager le Chef du gouvernement à souscrire à aucune stipulation sur les conditions auxquelles une administration provinciale peut juger prudent d’accepter ou conserver la conduite des affaires : que la confiance mutuelle, qui est essentielle au fonctionnement du gouvernement, « fait nécessairement présumer que ces conditions sont comprises, » pendant que le respect qui est dû aux prérogatives de la Couronne, ainsi que les rapports de délicatesse, au point de vue constitutionnel qui doivent exister entre le Représentant de Sa Majesté et ses Ministres défendent même leur simple expression. »

Il devient évident maintenant que si M. Brown avait demandé un engagement écrit de la part du Gouverneur, on lui aurait reproché avec raison d’avoir agi avec une naïveté digne d’un tout nouveau déballé en politique, et de ne pas connaître la première lettre de l’alphabet constitutionnel.

M. Brown a donc fait ce qu’il devait faire, ce que la Chambre déclarait en 1843 être le devoir d’un Ministre « il a compté sur la bonne foi du chef de l’Exécutif ; » et certes sur quoi donc pourra-t-on compter dans le pays si, à chaque formation de ministère, il faut commencer par prendre toutes les précautions imaginables contre une duperie possible ou probable de la part du