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sait et protester contre la passation, malgré la majorité Haut-Canadienne, de lois qui n’affectaient nullement le Bas-Canada. Mais la coalition entre les libéraux du Bas-Canada et les tories du Haut ayant été la négation de toute logique quelconque, il était strictement impossible que ceux qui entraient successivement dans cette coalition, pussent rester logiques dans leurs actes.

On peut bien appliquer un principe, mais jamais la négation d’un principe.

Nous en sommes donc arrivés, par la seule logique des événements, à saisir, à comprendre pratiquement le côté illogique des coalitions de partis, et leurs conséquences immorales.

IV.


L’effet de la coalition s’est fait sentir avec une parfaite évidence dans la question du Siége du Gouvernement.

Quand un parti a une fois transigé avec ses principes, tout lui devient indifférent hors l’accaparement du pouvoir. Comme on n’a recours aux coalitions que pour s’en emparer à tout prix, les coalisés subordonnent naturellement toutes autres considérations à sa possession.

Des hommes qui auraient vraiment eu des principes arrêtés ; qui auraient sérieusement eu le désir de faire passer les intérêts généraux du pays avant leurs convoitises de pouvoir ou leur besoin d’importance personnelle, n’eussent pas un instant hésité à faire de la fixation définitive du siége du gouvernement une question ministérielle. Tous les partis s’accordaient sur l’absurdité et les désastreuses conséquences du système ambulant ; tout le monde avouait qu’on n’y pouvait trop tôt mettre fin ; les Ministres eux-mêmes savaient se donner l’air de le désirer sincèrement et pourtant que font-ils ?

Ils adoptent la fine et savante tactique de faire de cette question une question libre sur laquelle chacun d’eux pouvait voter à sa guise.