Page:Dessaulles - À Messieurs les électeurs de la division de Rougemont.djvu/15

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 9 —

Cela serait vrai si on eût complètement assimilé les deux provinces par la législation, par les institutions, par les habitudes sociales, si on eût fait disparaitre les idées et les coutumes particulières à chaque race ! Mais on ne l’a pas fait, et pour une bonne raison, au fond, c’était impossible ! Acceptez donc alors une situation que vous ne pouvez changer ! Acceptez donc les conséquences de vos propres actes !

N’a-t-on pas toujours, depuis l’Union, législaté pour chaque province séparément ? Le Haut et le Bas-Canada n’ont-ils pas chacun leur système particulier inapplicable hors de leurs limites respectives ?

Ne sommes nous pas, dans tous les détails de la législation, deux états dans un état ?

Puisqu’il se fait constamment de la législation purement locale, ne faut-il pas, par la nature même des choses, tenir, dans certains cas, à une majorité locale ?

Il ne sera évidemment possible de faire autrement que quand l’assimilation des lois, des institutions, des idées et des coutumes sera complète ! En attendant ce résultat, que la présente génération ne verra pas, ni la prochaine non plus, ni le Haut ni le Bas-Canada ne peuvent souffrir qu’une majorité relativement étrangère leur impose des lois qui ne doivent nullement l’affecter elle-même, car alors quel intérêt aurait cette majorité à les faire acceptables et justes ?

Dans son discours sur l’adresse, l’Hon. M. Sicotte disait avec raison que l’Union reposait sur deux principes différents ; le principe national et le principe fédéral. Le premier doit régir les questions d’intérêt général, le second celles d’intérêt local. Quelle est la seule conséquence possible de cette distinction ? Évidemment que dans les questions générales ou nationales, le principe national ou la simple majorité doit dominer ; et que dans les questions purement sectionnelles le principe fédéral ou la majorité locale doit dominer à son tour ; le tout comme de raison soumis à la raison et au bon sens pratique !

Pour rester dans la logique, l’Hon. M. Sicotte aurait donc dû accepter la conséquence du principe qu’il po-