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les opiniâtres

Quand la fumée devint trop épaisse pour respirer, François se plaça au bout afin de surgir dehors le premier. Dans sa main gauche, il agrippait le couteau. Il rappela Koïncha qui revint en toussant.

— Glissez la table en vous abritant bien.

— Un Iroquois nous attaquera à revers, dit Pierre, celui qui a mis le feu dans le toit.

— Je m’en charge.

La table s’ébranla par la porte ouverte. François bondit. Ils entendirent le claquement d’un coup de mousquet ; mais François avait plongé son couteau. Deux corps roulèrent dans la neige, s’agitèrent dans une lutte, dans des contorsions, puis s’immobilisèrent.

— François est mort ! hurla soudain Ysolde, François est mort !

Les balles crépitaient sur le panneau qui s’éloignait de la maison en flammes. Eux, ils ne pouvaient tirer qu’à chaque bout, ou par-dessus, en se découvrant.

Koïncha tomba d’un coup, sans un cri, comme François ; sa lourde forme s’incrusta dans la neige. À mesure qu’ils se déplaçaient, l’obscurité s’épaississait autour d’eux. Ysabau se posta pour tirer à son tour. Elle eut à peine le temps d’épauler : elle tomba, les deux mains pressées au défaut de l’épaule. Elle rampa, vint s’allonger près d’Ysolde, en robe dans la neige profonde, perdant beaucoup de sang.

— Nous y passerons tous, pensait Pierre.

Paul tirait sans relâche. Mais à la fin, il fut tué instantanément d’une balle dans l’œil.

Un coup de mousquet retentit dans le bois à l’arrière.

— C’est la fin, pensa Pierre.

Mais une voix cria sans tarder : —

— Tenez bon : nous arrivons.

Des colons et des soldats s’avançaient en tirailleurs ; d’autres tournaient l’ennemi. Celui-ci retrai-