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tabac et d’eau-de-vie effacent le souvenir des griefs. Le bourgeoys n’a qu’une idée en tête : persuader les Indiens de rouler le cuir de caribou de leurs loges et de s’enfoncer dans la forêt avant l’arrivée des Petits.

Montour suit ces cérémonies. Il descend ensuite sur la grève. Les trois quarts du personnel sont occupés à la pêche ; ils posent les filets, ils préparent le boucanage du fameux poisson blanc du lac des Buttes qui composera tout le menu du long hiver.

Un matin, Montour voit revenir à force de rames le canot que le bourgeoys a dépêché au delta de la rivière à la Biche. Au débarqué, le brigadier qui le commande court au fort. La consultation avec Tom MacDonald ne dure pas longtemps. Celui-ci sort de sa chambre et donne des ordres : des paquetons se bouclent, des pièces se transportent, des vivres se préparent.

— Montour, le bourgeoys vous demande au chantier.

Enfin, c’est la convocation tant désirée. La conversation est courte.

— Six canots des Petits sont arrivés au lac des Buttes. Nous préparons actuellement six nouvelles canotées de marchandises. À chaque endroit où les Petits enverront un canot, nous en enverrons autant. L’un des commis de cette brigade est Louis Cayen ; nous l’avons eu à notre emploi ; il a servi au Grand lac des Esclaves ; il connaît bien ce district ; les sauvages de la baie du Nord l’aimaient beaucoup. Nous supposons qu’il se rend là avec le gros de ses forces.

— Pour établir un poste ?

— Probablement. Nous avons là un point faible. Au fort Providence, le commis en charge est Ulric Lenfesté. Impossible de lui en enlever la direction. C’est le gendre de l’un des bourgeoys. Vous comprenez ?

— Oui.

— Sans le déplacer, il nous faut un autre homme là-bas. Habile, pour le conseiller et lui souffler les moyens à prendre,

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