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II

LE GRAND LAC DES ESCLAVES



LES voyageurs ne disent jamais : le fort ; ils disent : les chantiers. Des constructions basses, en rondins, entourées de palissades, semblables sur un plan réduit, à celles du Grand Portage, sont rangées sur un promontoire entouré de trois côtés par le lac des Buttes. Tel est le fort Chipewyan, le quartier général du district de Rabaska, l’Athènes des régions hyperboréennes, comme l’ont nommé quelques bourgeoys à tendances intellectuelles qui ont transporté quelques volumes jusque-là.

Deux bourgeoys hivernants ont passé l’été dans le district de la Rivière de la Paix, avec un personnel réduit, pour construire de nouvelles factoreries, en réparer d’anciennes, pratiquer des déserts et les semer de légumes. Ils sont au rendez-vous. Le soir même, ils s’enferment avec Tom MacDonald. Trois grandes questions les préoccupent : l’établissement de nouveaux postes plus au Nord, près de l’océan Arctique ; l’ouverture au commerce des fourrures de la Nouvelle-Calédonie, de l’autre côté des montagnes Rocheuses ; enfin la concurrence des XY qui sera dirigée dans le district de Rabaska par Pierre de la Rocheblave.

Le lendemain, comme les brigades XY ne sont pas encore arrivées, le Bancroche envoie un canot se cacher dans les îles qui obstruent l’estuaire de la rivière à la Biche. Les hommes devront se dissimuler soigneusement, observer l’arrivée de l’ennemi, compter les canots et, si possible, les pièces et les engagés.

En repos de ce côté, Tom MacDonald commence à répartir et à assortir les marchandises pour les dix-huit postes du