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LA FIN DE LA TERRE

Savons-nous qu’un temps viendra où nous serons retirés du cours des siècles par le collectionneur éternel comme des monnaies usées, vieillies, sans valeur ?

Stinson s’était levé. Il regardait maintenant vers l’ouest les nuages gris qui couvraient le ciel. Le froid était intense car décembre était venu plein de glace et d’ouragans, véritables simouns de neige qui avaient ensevelis le Canada. Quelques jours auparavant, exactement le 25 décembre 2400, la Corée avait été balayée par un raz-de-marée ; l’eau envahissait déjà le grand plateau du Tibet qui s’affaissait ; la mer Aggasiz se reformait au centre du Canada et au nord des États-Unis ; les Rocheuses se creusaient de vomitoires par où l’incendie du globe s’allumait ; le soleil paraissait sanglant à travers des nues de cendres et de feu.

Doutait-il de son œuvre, le grand Stinson ? Non rien ne pouvait l’ébranler, mais il se rendait de plus en plus compte qu’il n’y avait pas un instant à perdre.

Paris avait été bouleversée par la terrifiante nouvelle de la disparition de la Corée. De tous les coins de la capitale de l’illustre na-