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LA FIN DE LA TERRE
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Ce n’est pas sans effroi que l’on force l’imagination à reconstituer les scènes titanesques qui ébranlèrent les bases mêmes de notre Univers. Le frisson nous gagne de penser au déchirement de la nébuleuse qui donna naissance à la terre, l’enfantement d’un monde dans les nues embrasées et la chute à travers les espaces où pullulait la matière cosmique.

Pourtant, pourtant ce n’était que la fuite éperdue d’un grain de sable soustrait, pour un moment, aux immuables lois de la mécanique céleste.

Souvent, quand la nuit n’était troublée que par le bruissement des feuilles qu’agitait la brise, j’errais dans les clairières. Je contemplais le fourmillement d’astres aux confins du firmament, paillettes perdues, miettes d’immensité, scintillant dans l’incalculable distance. Un mal ténébreux me prenait, me torturait, sorte de nostalgie atroce où il me semblait que mon pays n’était point de la terre, mais de ce monde sidéral que j’entrevoyais dans le lointain du ciel.

J’ai compris, depuis, que nous étions des dieux tombés et qu’un jour nous serons des