Page:Desrosiers - La fin de la terre, 1931.djvu/102

Cette page a été validée par deux contributeurs.

86
LA FIN DE LA TERRE

Le délégué de New-York Frank Jarvis, s’approchant de Stinson, lui adressa la parole :

— Le moral des seize millions d’habitants de New-York est présentement bon, dit-il au président, cependant il faudrait aviser au plus tôt. Il y a tout lieu de craindre qu’un jour la panique n’entraine ces gens à s’entretuer inconsciemment.

En effet là-bas, sur cette portion de côte atlantique, on voyait la mer se tordre au large. On sentait que l’effroi s’emparait de l’élément liquide. Des montagnes de brumes s’élevaient dans les trouées claires du ciel. Quelqu’un au-delà des abîmes semblait nerveusement secouer les mondes, les ameuter. Cependant, malgré la panique des nations, personne n’avait encore lancé le cri suprême de « Fin du monde ».

Personne n’y avait songé, personne n’y voulait songer. L’énorme cité débordait de plaisirs. C’était la Babylone moderne. Les hommes, légers depuis toujours, plus attentifs à leur plaisir qu’à la réalité du lendemain, attendaient passivement l’ordre d’embarquement pour la fuite vers Mars, ou ne s’en souciaient.