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IROQUOISIE

une lieue de l’Hudson. Les ennemis avaient attaqué avec furie. Ils avaient lancé une grêle de flèches. Ils avaient forcé les Mohicans et les Hollandais à fuir. Ceux-ci s’étaient probablement servi d’armes à feu, mais sans effet. Dans la déroute, le commandant hollandais avait été tué de même que trois denses compatriotes. Le cadavre de l’un d’eux sera même mangé après avoir été convenablement rôti.[1]

Plus tard, Pieter Barentz rendra visite aux Agniers. Ceux-ci lui diront « qu’ils espèrent qu’on leur pardonnera cette action, parce qu’ils ne se sont jamais opposés aux blancs, et ils demandent pourquoi ceux-ci se sont mêlés de leurs affaires : autrement, ils n’auraient pas tué les Hollandais… » Un autre commis assume le commandement à Fort Orange ; la population civile craint une attaque des Agniers et elle est évacuée sur New-York. Il ne reste qu’une garnison de seize soldats. Pendant un temps les relations sont fort tendues. Enfin l’alliance des Hollandais avec les Mohicans signifie sans doute que les premiers reçoivent des seconds presque toutes les pelleteries qu’ils achètent au poste.

D’autre part, les Agniers ne remportent pas cette année-là une victoire complète. Ils souffrent même un revers éclatant. Un voyageur hollandais se rend en effet dans l’Iroquoisie orientale à la fin de l’année 1634 ; il revient au printemps de l’année 1635 ; à cinquante milles environ de Fort Orange, il découvre les restes d’une bourgade détruite et abandonnée ; ses guides lui expliquent qu’elle a été incendiée neuf ans plus tôt, soit en 1626 ; c’était le village le plus oriental de l’Iroquoisie, celui qui était le plus rapproché de l’Hudson. Il était probablement situé même en territoire mohican.

Champlain n’apprend pas tous ces détails quand le canot lui apporte des nouvelles en juillet 1626. Mais d’autres viendront plus tard. Durant l’hiver 1626-7, des Algonquins se rendent en effet chez les Mohicans. Ceux-ci les sollicitent vivement de se liguer avec eux contre les Agniers. Les Hollandais entreraient probablement dans la coalition. Peut-être

  1. O’Callaghan, Documents relative to the Colonial History of the State of New York v. 13, p.43 et 44.