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CHAPITRE VI


(1626)

Pendant que la paix règne, en 1626, durant les mois d’automne, le père Joseph de la Roche d’Aillon continue les explorations de Champlain. En compagnie de Grenoble et de La Vallée, il quitte la Huronie et visite la Nation du Pétun. Il descend ensuite chez les Neutres. Il y visite plusieurs hameaux « pour faire alliance et amitié avec eux, et pour les inviter de venir à la traite »[1]. Les Neutres habitent vingt-huit bourgades sans compter les hameaux qui ne comptent que sept ou huit cabanes. Fort belliqueux, ils sont en guerre avec dix-sept tribus. Un chef fameux est le roi incontesté du pays.

Le missionnaire se rend compte que les Neutres peuvent atteindre facilement les lieux de traite du Saint-Laurent en suivant le lac Ontario et le fleuve Saint-Laurent. Cette route serait directe et courte. Les Neutres ne semblent pas, ou ne veulent pas la connaître. Yroquet, qui vient à la chasse et récolte vite cinq cents peaux de castor, ne veut pas révéler la location d’une mystérieuse rivière des Iroquois, qui est probablement la rivière Niagara.

Les Hurons prennent vite ombrage des agissements du Père d’Aillon. La traite des fourrures se concentre entre leurs mains. Ils servent d’intermédiaires aux Neutres pour leur commerce extérieur, vendant leurs produits, et leur apportant les marchandises de l’extérieur. Ils sont aussi les intermédiaires de la Nation du Pétun, achetant leur tabac et le revendant à meilleur prix. Ils accumulent ainsi les bénéfices par

  1. Sagard, Histoire du Canada, p. 801.