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IROQUOISIE

jotent en l’une des grandes cabanes ; après le conseil, les hommes s’y rendent et s’empiffrent. Les guerriers se dirigent ensuite à un point de la frontière où doivent les rejoindre les partis venus des autres bourgades, l’armée se rend en Iroquoisie où elle capture une soixantaine de prisonniers, « la plupart desquels furent tués sur les lieux, et les autres amenés pour faire mourir aux Hurons par le feu, puis mangés en leur assemblée, sinon quelques membres qui furent distribués à des particuliers pour leurs malades »[1].

Sagard décrit bien les méthodes de guerre de la coalition laurentienne et de la Confédération iroquoise : « Leurs guerres ne sont proprement que des surprises et déceptions plutôt que des batailles… Tous les ans au renouveau et pendant tout le temps que les feuilles couvrent les arbres, cinq ou six cents jeunes hommes Hurons ou plus, sen vont… s’épandre dans le pays des Iroquois », en petits groupes ou partis différents ; là, ils « se couchent le ventre contre terre par les champs et les forêts, et à côté des grands chemins…, et la nuit venue ils rôdent partout jusques dans les villes, bourgs, et villages pour attraper quelqu’un de leurs ennemis, lesquels ils emmènent en leur pays pour les faire passer par les tourments ordinaires ». Pendant les six semaines que durent ordinairement leurs expéditions, ils subsistent du produit de leurs chasses et d’un petit sac de farine de maïs qu’ils ont apporté. Leurs armes offensives sont la masse d’armes, l’arc, la flèche armée d’une pierre aiguë, et qui y est jointe avec de la colle de poisson. Les armes défensives sont la cuirasse composée de baguettes de bois bien lacées ensemble, et le bouclier de cuir bouilli ou de bois de cèdre. Les Indiens sont si vifs qu’ils peuvent tirer dix flèches pendant qu’un arquebusier recharge son arme.

Lorsque les Hurons appréhendent une attaque, ils détruisent les bourgades qui sont rapprochées de la frontière et qui sont trop faibles. Les habitants se réfugient dans les villes bien fortifiées où ils se construisent des maisons. Les hommes réparent les palissades, transportent des pierres dans les galeries,

  1. Sagard, Histoire du Canada, p. 409.