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IROQUOISIE

plutôt les Etchemins qui habitent les montagnes du Saguenay ; qui, en 1603, étaient des alliés des Montagnais et des Algonquins, mais que ces derniers ont décimés depuis ?

S’il est mal établi que l’état de guerre subsiste entre Algonquins et Iroquois, de nombreux documents prouvent qu’Iroquois et Hurons sont toujours aux prises. Champlain raconte lui-même que Du Vernay et d’autres Français reviennent de la Huronie en 1623 avec la flottille des fourrures ; le même été, d’autres Français partent avec la même flottille afin de protéger ces Alliés « contre leurs ennemis, et ainsi leur donner courage de revenir avec plus d’affection »[1]. Les Hurons s’éloignent et ils conduisent onze Français avec eux « pour la défense de leurs villages contre leurs ennemis ». Huit demeureront en Huronie en 1624 ; les autres reviendront en Nouvelle-France.

Si les Hurons ont eu depuis 1619 des velléités de conclure la paix, ils ont bien vite changé d’idée. Tout l’ouvrage de Sagard fourmille de faits qui indiquent un état de guerre fort actif entre eux et les Iroquois. Tout de suite après son arrivée en Nouvelle-France, ce franciscain se rend en Huronie où il passe l’hiver 1623-1624. Et ses observations offrent un grand intérêt.

Coalition laurentienne et Confédération iroquoise ont les mêmes méthodes de guerre. Si Algonquins et Hurons vont se poster autour des bourgades de l’Iroquoisie, pour y assommer et y capturer quelques victimes, les Iroquois viennent se mettre à l’affût autour des bourgades huronnes. « Notre bourgade, écrit Sagard, était de ce côté-là, la plus proche voisine des Iroquois, leurs ennemis mortels, c’est pourquoi on m’avertissait souvent de me tenir sur mes gardes, de peur de quelque surprise… »[2].

Les Hurons organisent une assez grosse expédition militaire pendant que Sagard est là ; « …Le temps d’aller en guerre contre les Iroquois étant arrivé » un jeune guerrier offre à lui seul le festin du départ qui est composé de maïs concassé, de grands poissons boucanés, d’huiles. Dès l’aube, ces ingrédients mi-

  1. Œuvres de Champlain, v. 5, p. 104.
  2. Sagard, Histoire du Canada, p. 205.